« L’économie sociale n’a pas à rougir de sa maturité numérique »

Actualités Temps de lecture : 4 minutes
Actualités Blanchisserie industrielle
Cover

« L’économie sociale n’a pas à rougir de sa maturité numérique »

Le baromètre publié par l’Agence du Numérique pour évaluer la maturité numérique des entreprises inclut désormais les entreprises d’économie sociale. Il en ressort que les entreprises d’économie sociale (EES) ne sont pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, à la traîne en matière de digitalisation…

La Wallonie entend soutenir cette digitalisation des entreprises d’économie sociale.
La Wallonie entend soutenir cette digitalisation des entreprises d’économie sociale. - D.R.
Image auteur par défaut

Par Laurence BriquetPublié le 10/10/2023 à 12:57

Tous les 2 ans, l’Agence du Numérique (AdN) évalue la maturité numérique des entreprises. Dans sa dernière édition du baromètre, elle inclut désormais les entreprises d’économie sociale. « Il en ressort que l’économie sociale talonne d’assez près l’économie classique en matière de digitalisation », explique Marie-Pierre Van Dooren, experte en transformation numérique des organisations, Pôle Humain et Société(s), à l’AdN.


« L’économie sociale n’a donc pas à rougir de sa maturité numérique. En effet, guidée par leur finalité et leurs valeurs, ces entreprises démontrent une maturité légèrement plus avancée dans les domaines de l’organisation et de la stratégie commerciale. Enfin, quelque 50% des dirigeants en économie sociale voient une opportunité de mener une stratégie de digitalisation contre 47% en économie classique », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, sur les 2 dernières années, il apparaît que 54% des EES ont conduit un projet numérique. « Les raisons sont multiples. Il y a d’abord l’envie de répondre aux exigences de leurs bénéficiaires mais aussi l’envie de créer de nouveaux services pour ces mêmes bénéficiaires. Sans compter que les EES sont confrontées aux mêmes exigences que les entreprises classiques, ce qui les pousse à s’adapter », note encore Marie-Pierre Van Dooren.

La Wallonie entend évidemment soutenir cette digitalisation des EES. Cela passe notamment par le programme DigitalEES, inscrit dans la stratégie Digital Wallonia, qui vise à accroître la maturité numérique des entreprises wallonnes d’économie sociale qui souhaitent utiliser le digital au service de leur finalité sociale.

Franc succès

« Le programme, qui va de 2021 à 2023, a permis de soutenir 35 entreprises d’économie sociale dans l’élaboration d’un plan de transformation numérique ou dans la mise en place de leur solution digitale. Le niveau de digitalisation n’est évidemment pas le même. Certaines entreprises doivent démarrer leur projet, d’autres sont plus avancées. La digitalisation, c’est une partie de la professionnalisation de l’entreprise », poursuit Christie Morreale, Ministre de l’Economie sociale. « Tout comme l’économie marchande, les entreprises à finalité sociale doivent repenser leurs activités et exploiter les nouvelles technologies comme un levier pour développer de nouveaux services, de nouvelles initiatives et ainsi maintenir leur compétitivité ».

« Nous devons laisser la chance à l’économie sociale d’avoir également des outils efficaces », ajoute la Ministre qui rappelle que 1,6 millions d’€ ont été consacrés à cet objectif.

À Heppignies: « Nous souhaitons garder la valeur humaine dans le processus »

Par L.B.

Pour sa blanchisserie industrielle, Entra Group souhaite absolument garder le côté social.

L’entreprise d’économie sociale Entra Group est actuellement en train de travailler à sa digitalisation qui, elle le promet, ne se fera pas au détriment de l’humain…

Dans les entreprises d’économie sociale, comme son nom l’indique, l’humain est au cœur de l’activité. Entra Group, à Fleurus (Heppignies), est une entreprise de travail adapté qui emploie des personnes en situation de maladie ou de handicap. Elle aide à créer des métiers adaptés aux personnes porteuses d’un handicap et emploie plus de 980 personnes (dont plus de 70% porteuses d’un handicap). Elle est active dans plusieurs grands secteurs dont la blanchisserie industrielle.

Harold Goderniaux, Directeur DES & Projects chez Entra Group.
Harold Goderniaux, Directeur DES & Projects chez Entra Group. - Coralie Cardon

Fin 2022, Entra Group a postulé pour décrocher une bourse DigitalEES en vue de l’aider dans sa digitalisation. « Nous envisageons la modernisation de la blanchisserie industrielle qui, si elle a déjà 40 ans, s’est évidemment modernisée par petits morceaux, est aussi face à une évolution du marché. Il est donc important de revoir tout l’outil sur le plan de l’infrastructure ou de l’organisation », explique Harold Goderniaux, Directeur DES & Projects chez Entra Group. « Nous devons donc nous mettre aux normes du marché tout en gardant le côté social. Nous ne souhaitons donc certainement pas tout automatiser car nous souhaitons conserver la valeur humaine dans le process. Nous devons donc voir ce qui est utile et indispensable et écarter le secondaire et ce qui balayerait la création d’emplois », ajoute-t-il.

Garder le cap

« Nos bénéfices sont réinvestis dans les outils ou pour les bénéficiaires. Il est donc primordial, pour nous, de faire la balance entre la rentabilité nécessaire et la qualité de l’emploi. Pour notre transition digitale, nous allons bénéficier, grâce à la bourse que nous avons obtenue, d’un accompagnement pour nous guider vers des solutions à la bonne dimension tout en gardant le cap sur le plan humain. La transition a commencé par un état des lieux, voir ce qu’on veut faire, évaluer tout en allégeant la charge de travail », poursuit Harold Goderniaux. « Nous avons peu de moyens financiers car nos marges sont faibles. C’est important, pour nous, d’avoir un soutien de la Wallonie car le digital peut coûter cher et avoir un accompagnement nous permet justement d’avoir une idée de comment gérer ce budget digital. Notre objectif est que le projet soit pensé d’ici la fin de cette année, avec une mise en place pour fin 2024 », conclut-il.

Rappelons également que, comme d’autres entreprises d’économie sociale, Entra Group s’engage, vis-à-vis d’autres entreprises d’économie sociale, à partager avec d’autres ses bonnes pratiques et ses conseils en la matière.